Chemin de bois

 Le mercredi c'est Brèche Arnaud... Depuis le Sappey, cela fait un joli KMV d'un peu moins de 5km avec une pente qui va croissante, du plat à la verticale!

 Au sommet les travaux sont terminés, le chemin de bois est installé, il sécurise et améliore le confort des bipèdes. Le câble aussi a été changé et bonne chose, il n'y a plus cette gaine plastique qui le rend glissant avec les gants.

 Dommage que les marches n'aillent pas tout droit jusqu'au col !

Brindille au sommet

Certaines journées se distinguent par des petits riens qui font toute la différence. Depuis près de 10 ans, je compte mes venues sur les pentes de Chamechaude et j'alimente ce blog de mes impressions et des nouvelles que je trouve sur le terrain.

Au départ, ces pages mono-maniaques rédigées à la gloire de la Pierre Chauve, la plus haute de Chartreuse,  étaient une contre-proposition à tous ces blogs et ces réseaux sociaux qui constellent la toile de petites histoires qui au final tournent en boucles et sont toujours les mêmes! 

Et puis, pris par le jeu, j'ai trouvé dans ces rendez-vous monotones, une petite musique, une psalmodie intime, un mantra qui libère l'esprit et ouvre les pensées sur l'invisible qui nous enveloppe.  

Ce matin, le club de biathlon fait un entraînement au col de Porte, les enfants du club y sont conviés et les animateurs en profitent pour récupérer quelques préparations pour la buvette du Summer Biathlon du Sappey qui se tient le lendemain. Je profite de l'occasion pour apporter quelques crêpes. Ma fille m'accompagne mais sans me le dire vraiment, l'entraînement du club ne lui fait pas envie. J'essaie en vain de l'encourager à y aller, mais elle s'en échappe en me proposant de venir à Chamechaude avec moi ! Un petit défi qu'elle a depuis longtemps et qu'elle repousse à chaque fois qu'une occasion se dessine. 

L'effet de surprise reste parfois la meilleure des motivations pour lever le voile vers l'inconnu...

En partant à 10h40, sans sac à dos ni provisions, je pense au fond de moi que nous n'irons peut-être pas encore cette fois-ci toucher la croix entre père et fille!

Pourtant à mi-chemin et avec une petite pause bien méritée, le sourire est toujours là, aussi large que celui de la tête de clown du Rocher Folatière... 

Les belles marches en cours de finition à l'approche du sommet, constituent une dernière rampe vite franchie pour terminer l'ascension. Le câble du ressaut final devient un jeu avec les petits frissons du vertige et déjà la croix est là... 

Au sommet il y a du monde, nous avons croisé de nombreux coureurs et là-haut des habitués et des copains nous ravitaillent même d'excellents fruits secs qui redonnent des forces pour la descente rapide que nous devons faire pour un retour à la maison à 13h. Le poulet frites qui nous attend en terrasse n'aura jamais été aussi bon...

Montagne en mutation

En attendant la neige, le mercredi c'est brèche Arnaud : 1H45 de libre pour un aller-retour à la croix, depuis le Sappey. En une semaine la montagne a revêtu sa robe d'automne, les tâches de rousseur gagnent la forêt et la fraîcheur offre la bonne surprise de nuages qui se percent aux sommets pour laisser paraître un doux rayon de soleil.

Les brebis et le berger ont quitté l'alpage samedi alors que les flocons faisaient leur première apparition au-dessus de 2000m : ce qui m'a valu la première onglée de la saison!

Les randonneurs aussi ont quitté les lieux, ils sont bien moins nombreux. Le temps d'un salut et de quelques mots échangés retrouve sa place pendant la balade.

Du côté du sommet, de grands travaux sont à l'œuvre. Le sentier caillouteux et mouvant est en cours d'aménagement avec la construction de jolies marches en bois. De quoi améliorer les chronos des amateurs de vitesse et du Gresivaudan Xpress !

Du bel ouvrage à faire pâlir d'envie le KMV du Grand Serre, où des moyens plus modestes sont employés pour pérenniser le sentier. 

Le chantier devrait être terminé la semaine prochaine selon les bâtisseurs à la manœuvre.

Étrangement, plus bas on voit toujours les pancartes qui invitent les randonneurs à ménager et préserver la pelouse... Un message un poil schizophrénique pour le bipède moyen, où deux poids et deux mesures sont appliqués sur les mêmes pentes. On veut à la fois un espace naturel et sauvage conservé avec une activité pastorale dynamique et protégée mais aussi un tourisme favorisé et aménagé...

Personnellement cela ne me gêne pas, tant que ma liberté de penser et d'agir sont préservées. Mais j'ai toujours du mal avec les règles de bienséance quand finalement les usages et les codes peuvent être bien différents d'une personne à l'autre...

 Au sommet, le soleil commence tout juste à percer, alors qu'une cordée termine sont ascensions depuis le pilier Tobey...

Rentrée à tous les étages

 Le mercredi pas facile de rester Zen... Il faut enchainer les chronos, à commencer par le boulot, où il faut descendre en vélo juste pour la matinée. A 12h00, récupération des enfants au bus de l'école, puis préparation du repas pour la tribu avant le départ en fanfare pour les activités de l'après-midi.

Plus haut, sur les pentes de la Pierre, du coté du habert de Chamechaude, le berger prépare sa "dé-transhumance" et son retour côté Ouest où il a reconduit les brebis pour une dernière semaine d'alpage. Les ânes sont scellés pour regagner la vallée avec les sacs du berger.

Au sommet de la brèche Arnaud, le troupeau s'est regroupé et belle surprise, à mon arrivée, j'assiste à la naissance d'un agneau, qui titube pour trouver une première tétée... 

Le pauvre vieux est bien sale, sa mère n'a pas fini de le toiletter. la pluie annoncée devrait lui donner un coup de patte!

 14H l'entraînement des petits biathlètes du Sappey reprend, j'ai 1h45 pour faire un aller-retour Sappey-Chamechaude... Le repas du midi n'a qu'à bien se tenir !

Avant le soleil

 Après le tumulte des Xpress à la tombée du jour, il fait bon retrouver le calme et le silence au réveil de l'aurore..
En ce moment la longueur des jours se raccourcit si vite, qu'il devient difficile de voir le lever du soleil à la croix puis d'être au boulot pour 8H! Je n'ai donc pas salué Ra qui jouait les prolongations de la nuit à l'abris du Mont-Blanc et des nuages...

Grésivaudan Xpress : 10ans déjà !

Pour la 10ème année la saison des apéritifs au goût de sang dans la bouche repart (Grésivaudan Xpress). Le succès de l'événement s'accroît d'année en année :

 " Nous partîmes une vingtaine et par un prompt succès 

Nous nous vîmes deux cents en arrivant au sommet"

Xpress Chamechaude année Zéro

 Du coup les règles du jeu changent, avec un peu moins de sauvagerie pour la liberté des itinéraires. Mais l'esprit joueur demeure et chacun peut faire sa trace à sa guise. Pour  Chamechaude les recommandations sont de suivre le chemin et de limiter les coupes à droite du rocher Folatière pour éviter les chutes de pierres dans la partie haute.

 On retrouve dans la foule des participants quelques uns des pionniers, presque toujours aussi rapides malgré le changement de couleur des pilosités!

D'autres étaient à peine nés lors des premières...

  Au sommet l'ambiance est bonne et les premiers attendent les derniers avec des encouragements pour le franchissement du passage du câble.

 Samuel Equy, figure montante du ski alpinisme s'adjuge le chrono du jour en 29min 18s, pratiquement sans coupe.

Des équipes aussi sont constituées pour un nouveau trophée. Certaines ne se refusent aucune ruse pour déstabiliser les adversaires...

 Au soleil couchant les derniers quittent le sommet pour commencer vraiment l'apéritif en refaisant la course autour d'une bière...
Avec 10 années de plus au compteur, je fais parti de ceux qui coupe au plus court pour réduire le chrono... Tout en respectant le passage à droite du rocher Folatière, la trace n'est pas très loin de la ligne droite. Ce qui me permet de toucher la croix en 32min 54s... dans le wagon des 15 premiers !

Les chrono et le classement, ici: http://dauphine-ski-alpinisme.fr/resultats-definitifs-xpress-chamechaude-2/

La fine ligne

La chaleur écrase encore la vallée et jusqu'au sommet de la Chartreuse les couleurs sont aplaties par la brume sèche et les miasmes de pollution. Au fond du massif, l'éboulis du Granier s'éclaire étrangement...Un sursaut de lumière réfléchi du calcaire fraichement découvert...

Pour cette grimpette j'ai encore prospecté hors sentier pour raccourcir l'accès au sommet. Tout en évitant la zone des paravalanches et des barres rocheuses, je ne suis plus très loin de la ligne droite sans pour autant faire le phacochère dans la végétation et les pierriers.

Du sommet, la prairie semble bien jaunie : depuis le mois d'Août les précipitations se réduisent à presque rien... La sécheresse s'annonce pour l'automne!